Depuis l’avènement de la démocratie au début des années 1990, la sous-région ouestafricaine
est confrontée à de nombreuses crises à répétition qui tendent à mettre en mal le vivre ensemble qui caractérise cette région. Malgré ces tensions, les Guinéens
continuent de s’insérer dans le tissu socio-économique du Sénégal. C’est l’objet de cet
article qui montre l’intégration réussie des immigrés guinéens du Sénégal, qui est un
modèle en Afrique de l’Ouest malgré la rude concurrence avec les autres
communautés dans un climat de récession économique que connait le Sénégal. En
effet, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont toujours été les destinations favorites de la
poussée migratoire guinéenne jusqu’à l’entame des années 2000. La stabilité politique
et la relative « prospérité » de ces pays ont fini par faire d’eux de véritables pôles
d’accueil de migrants guinéens. Fuyant ainsi la « pauvreté » ou la « terreur » du régime
Sékou Touré, certains Guinéens ont élu domicile au Sénégal compte tenu de sa
tradition d’hospitalité (teranga) et de son cadre propice à l’intégration de nombreux
groupes étrangers. Naguère paysans, les immigrés guinéens se sont reconvertis dans
le commerce et l’artisanat malgré la rude concurrence à laquelle, ils font face dans un
contexte de crise économique aiguë. Ainsi, abandonnent-ils progressivement le monde
rural sénégalais au profit des villes et plus particulièrement de l’agglomération
dakaroise avec ses plus de 2 000 000 d’habitants. Malgré la fin du régime de « terreur »
en Guinée et la persistance de la crise économique au Sénégal, les Guinéens continuent
d’affluer vers la capitale sénégalaise. En clair, la vigueur de la circulation marchande
et humaine entre les deux pays témoigne d’une intégration réussie de la communauté
guinéenne du Sénégal. La base documentaire exploitée est constituée essentiellement
des sources imprimées, des récits oraux collectés auprès des migrants et de leurs
familles, des documents officiels, etc. Ainsi, à travers une méthode discursive et le
croisement de données, l’étude a pu montrer que les Guinéens du Sénégal se sont
insérés malgré la période de vives tensions entre leur pays et le Sénégal (1960 à 1978).
Aussi, après cette période de « guerre froide » entre ces deux États, force est de
constater que les Guinéens au Sénégal sont plus concentrés dans Dakar, la métropole
sénégalaise (1978 à 2000). En clair, l’insertion réussie des Guinéens au Sénégal est
modèle d’intégration sous-régionale.
Since the advent of democracy in the early 1990s, the West African sub-region has been
faced with a number of repeated crises which tend to undermine the way the region
lives together. Despite these tensions, Guineans continue to integrate into the socioeconomic
fabric of Senegal. This article looks at the successful integration of Guinean immigrants in Senegal, which is a model in West Africa despite the stiff competition
from other communities in a climate of economic recession in Senegal. Indeed, Senegal
and Côte d’Ivoire were always the favourite destinations for Guinean migrants until
the early 2000s. The political stability and relative ‘prosperity’ of these countries
eventually made them real magnets for Guinean migrants. Fleeing the ‘poverty’ or
‘terror’ of the Sékou Touré regime, some Guineans took up residence in Senegal, given
its tradition of hospitality (teranga) and its environment conducive to the integration
of many foreign groups. Formerly farmers, Guinean immigrants have turned to trade
and handicrafts, despite the tough competition they face in a context of acute economic
crisis. As a result, they are gradually abandoning rural Senegal in favour of the cities,
particularly Dakar with its population of over 2,000,000. Despite the end of the ‘terror’
regime in Guinea and the persistence of the economic crisis in Senegal, Guineans
continue to flock to the Senegalese capital. Clearly, the vigorous flow of goods and
people between the two countries bears witness to the successful integration of the
Guinean community in Senegal. The documentary base used is essentially made up of
printed sources, oral accounts collected from migrants and their families, official
documents, and so on. Using a discursive method and cross-referencing data, the
study was able to show that Guineans from Senegal were integrated despite the period
of high tension between their country and Senegal (1960 to 1978). After this period of
‘cold war’ between the two countries, Guineans in Senegal were more concentrated in
Dakar, the Senegalese metropolis (1978 to 2000). Clearly, the successful integration of
Guineans in Senegal is a model of sub-regional integration.